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La sébile et le crachat.

Vendredi 23 novembre à 12 h 15, dans ma voiture, j’écoute la Première de la RTBF, je n’ai pas le choix, je ne capte  pas les radios françaises.

Une journaliste a réuni autour d’elle des acteurs, des musiciens, des directeurs de théâtres.

C’est l’assaut en règle contre la Ministre de la Culture Fadila Laanan ; c’est « Mozart qu’on assassine » ; c’est « Magritte qu’on empêche de peindre » ; c’est « L’Art avec un grand A qu’on étouffe » !

Un acteur belge avec une belle et profonde voix explique combien le nouveau   budget va réduire au chômage des milliers de personnes.

La journaliste relance avec une complaisance qui fait chaud au cœur, j’en ai les larmes aux yeux.

Ah ! La Brave fille !

Elle, elle comprend les artistes !

Elle, elle connaît les priorités !

Elle, elle sait ce que les Belges, assoiffés de culture, exigent !

Ah, mais j’y pense, qui, dans cette émission d’information présente les observations de la Ministre Laanan ?

Emission d’information vous avez dit ??? « L’Information, c’est pas ici » aurait répondu Léo Ferré.

La journaliste n’y avait sans doute pas pensé tant elle devait se sentir en cohésion avec les Artistes assassinés par cette Ministre forcément inculte.

Il est vrai que la RTBF a aussi vu son  budget raboté, alors, pourquoi ne pas donner le coup de pied de l’âne à cette Laanan qui ne comprend rien ?

Des souvenirs me reviennent.

Pendant quatre ans, j’ai été directeur de Cabinet du Ministre-Président de la Communauté française et, pendant onze ans, Secrétaire général du Ministère de la Communauté française.

J’en ai vu des artistes venant à la caisse avec, dans une main, la sébile, et, aux bords des lèvres, le crachat au cas où l’argent ne viendrait pas comme ils l’exigeaient.

On assiste donc bien à un « Fadila Laanan bashing », pour employer un idiome qu’adorent les journalistes.

Même « Libération » s’est fendu d’un entrefilet sur la situation des artistes belges ! Cela, c’est vraiment la Gloire !  Si Paris en parle, c’est vraiment le Nirvana !!!

Fonctionnaire à la Communauté française, j’ai eu l’incroyable  audace de me poser la question de l’intérêt de cette pluie de subsides culturels.

J’ai eu l’immense privilège de débattre de cette question au Festival de Spa avec un obscur mais très subsidié Directeur de théâtre.  Répondant à mon odieuse observation sur le nombre squelettique de spectateurs qu’il réunissait, il eut cette formule mémorable : «  Je fais du théâtre … pour le non public.  Le public d’aujourd’hui ( nous étions en 1984) ne m’intéresse pas. Le public de 2010, lui, me comprendra » !!!

Eh bien non !!! Nous sommes en 2012 et le public ne vient toujours pas, mais les subsides, eux, continuent de tomber.

Il me faisait le coup du « génie méconnu ».

Mais il y en a des masses des génies méconnus exigeant subsides, reconnaissance et honneurs.  Ceux-là feraient bien de lire le journal des Frères Goncourt.   Ils s’apercevraient que des centaines, des milliers de noms très connus au 19ème siècle ont irrémédiablement disparu dans les poubelles de la vie artistique et culturelle, poubelles forcément remplies.

Il y a eu pire : Dans son billet du « Soir » du samedi 24 novembre, Alain Berenboom n’y va -t-il pas d’ un « racisme social et culturel »?  Il revient sur le tweet de la Ministre Laanan, et souligne « Elle ignorait sans doute qu’il s’agissait d’une réplique de Marcel Aymé dans « La Traversée de Paris » ».

Mais pourquoi donc M. Berenboom écrit « Elle ignorait sans doute » ???

Est-elle forcément inculte ?

L’est-elle par essence ?

L’est-elle par fonction ?

L’est-elle par naissance ??? Alors là, le débat prendrait une toute autre dimension.

Alain Berenboom ajoute, à propos du budget : « Les artistes, en revanche, dont la Ministre de la Culture n’a jamais bien compris à quoi ils servent, sont bons à se serrer la ceinture » !!!

Ah bon ??? La Ministre ne sait pas à quoi servent les artistes ?

Non, elle ne l’a pas bien compris !

Il faut donc lui expliquer, et elle comprendra alors à sa juste valeur tout ce petit monde, et elle percevra que l’échelle de sa compréhension sera directement proportionnelle aux subsides qu’elle versera aux génies méconnus de notre communauté.  Et peut-être que c’est cette logique-là, sonnante et trébuchante, qu’il faut lui faire comprendre… et vite !

Quand même, n’y a t’il pas là un extraordinaire mépris et une forme de racisme social et culturel où il y aurait les gens cultivés… et les autres ?

Sans doute la Ministre Laanan n’est pas des leurs. Elle n’appartient pas à leur monde. Elle ne fait pas partie de l’aristocratie autoproclamée des gens cultivés qui, eux, voyez-vous ma Chère, peuvent citer Aymé !!!

Mais peut-être n’ont-ils pas lu attentivement « Bouvard et Pécuchet » et le « Dictionnaire des Idées reçues » de Flaubert car ils y trouveraient de nombreuses sources de réflexion et, peut-être, comme le paon qui ne nous montre que ses plumes colorées, y verraient qu’il a aussi des pattes ridicules.

Peut-être découvriraient-ils que leur épaisse culture masque des choses beaucoup plus rares que la culture et l’érudition, c’est-à-dire l’intelligence et le coeur !

Les chômeurs, les femmes isolées avec enfants qui voient leurs indemnités financières particulièrement réduites, les enseignants, les infirmières comptent peut-être moins que ces gens cultivés qui lorgnent en permanence vers un paradis germanopratin, mais qui ignorent superbement le pays où ils vivent.

Tout cela me fait penser à une citation de Jules Renard qui exprime parfaitement ce que je pense : « Je n’ai jamais eu de goût, mais j’ai un dégoût très sûr », et je pense que tous ces artistes, génies méconnus, devraient songer que « l’eau chaude ne doit pas oublier qu’elle a été froide ».

Enfin, je citerai Audiard qui a écrit : « Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche » et « Un con, ça ose tout, c’est même à cela qu’on les reconnaît » !

Evidemment, je ne vise personne !!!

merry_hermanus@yahoo.com

Ce CPAS qu’il faut détruire !

Dans l’antiquité, Cicéron commençait tous ses discours par « Il faut détruire Carthage ! ».

Le mot d’ordre de Doyen et consorts, c’est qu’il faut détruire le CPAS  et annuler au maximum les aides apportées.

Pourquoi ?

Parce que le CPAS a eu l’énorme malchance d’être dirigé par deux mandataires socialistes de grande qualité.

Depuis une douzaine d’années, le CPAS organisait chaque année une « Journée Portes Ouvertes ».

Les habitants de la commune pouvaient visiter les lieux, mais surtout, bénéficier de toute une série d’activités, partager des repas multiculturels, visiter des expositions et écouter différents artistes.

Toutes ces manifestations étaient organisées par le personnel du CPAS et les assistés sociaux.

C’était une journée de convivialité, de chaleur humaine et de fraternité.

C’était une journée de ce qu’on appelle maintenant de « fiertés ».

C’était une journée ou on n’était plus un « assisté social », mais un citoyen, avec toute sa valeur humaine et sa richesse intérieure.

C’était une journée où on voyait la fierté des mamans qui avaient préparé les repas.

C’était une journée où on entendait des artistes soutenus par le CPAS qui nous montraient la profondeur de leur âme. Je n’oublierai jamais le son de certaines flûtes arméniennes qui vous déchirait le cœur.

C’était une journée où certains membres du personnel du CPAS nous révélaient leur talent de chanteur ou d’animateur.

C’était une journée où, subitement, on découvrait qu’un assisté social était aussi un artiste peintre qui projetait dans ses œuvres toutes ses émotions, toute sa valeur, toute sa richesse.

C’était une journée où on pouvait voir un Receveur du CPAS animer des ateliers avec des enfants.

C’était une journée animée par la joie, le sourire,  et ce bruit magnifique qu’est le rire des enfants.

Et bien, Hervé Doyen et sa nouvelle Majorité ont tout enterré sous les intérêts d’une politique médiocre et méprisable !!!

Ces « Journées Portes Ouvertes » n’auront plus lieu !

Plus d’exposition de peinture !

Plus de repas multiculturels !

Plus de chants folkloriques !

Plus de voix pour les artistes !

Plus de rires des enfants !

Tout cela est effacé, éteint et ce, pour des raisons d’une médiocrité politique incroyable.

Cette suppression est d’autant plus scandaleuse que cette Journée ne coûtait rien à la collectivité.  Elle était entièrement subsidiée.

Quel contraste avec la multiplicité des fêtes organisées par le Bourgmestre avec l’argent de la commune bien sûr.

Quel contraste avec les formations que s’offrent des échevins aux frais de la commune bien sûr.

Quel contraste avec les couteux caprices de l’échevin Leroy qui s’offre des fresques pour 200.000 euros aux frais de la commune bien sûr.

Quel contraste avec les voyages organisés au Maroc pour un projet dont les qualités et les objectifs sont parfaitement discutables.

Il est vrai que le grand ami du Bourgmestre Doyen, le responsable de l’Atelier 340, avait considéré les artistes du CPAS avec un mépris teinté de racisme social et ethnique.

Il est vrai aussi que les deux Présidents du CPAS qui se sont succédés ont l’immense défaut, d’une part, d’être socialistes, mais surtout, d’aimer les gens et de tenter à toute force de leur venir en aide.

Une fois de plus, nous sommes là confrontés à une stratégie politique d’Hervé Doyen qui n’a qu’un but, chasser de la commune les personnes en difficulté sociale et économique, et parce que, pense t’il, elles auraient peut-être l’horrible idée de voter socialiste !!!

Comment est-il possible de tomber à un tel niveau de médiocrité ?

Il est normal, en Démocratie, d’avoir des options différentes, d’en débattre, et, même, d’en discuter vivement.  Mais faire de la politique en sacrifiant les plus déshérités d’entre nous est vraiment un « crime moral ».

merry_hermanus@yahoo.com
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