En ouvrant, comme chaque matin, le « Soir », je bondis de joie en lisant l’article de M. De Mulenaere qui nous apprend que 4.151 nouvelles places vont être créées essentiellement dans le Nord-Ouest de Bruxelles.
L’initiative prise, notamment, par Charles Picqué, en concertation avec la Communauté française, doit évidemment être chaleureusement saluée. Elle permet bien des espoirs.
Il est vrai, cependant, comme le dit le Ministre-Président de la Région bruxelloise, que nous sommes engagés dans une course de vitesse.
Mais on peut se poser la question de savoir pourquoi on commence à courir si tard !
L’exemple jettois permet de mesurer de façon précise les difficultés auxquelles on se heurte en matière de bâtiments scolaires.
En effet, j’observe que 270 places sont prévues à l’école du Poelbos.
Il faut savoir que cette école est constituée de deux types de bâtiments.
Les premiers sont des anciens dortoirs construits pour l’Exposition de 1958 ! Oui, oui, vous avez bien lu, l’Exposition de 1958.
Ces bâtiments à l’origine provisoires ont donc, au minimum, 52 ou 53 ans !
Malgré de nombreux entretiens, ils sont dans l’état qu’on peut deviner et posent différentes questions que je crains de formuler trop précisément.
Les autres bâtiments sont plus récents, mais ont plus de 20 ans, et n’étaient, en réalité, que provisoires.
En 1993, étant échevin de l’Enseignement, j’avais entamé la rénovation de cette école. Je veux rappeler que Jean-Louis Thys et moi-même avons, en moins de dix ans, obtenu plus de 750 millions d’anciens francs belges de subsides pour construire ou rénover des écoles communales jettoises… C’était le bon temps.
J’entretenais d’excellentes relations avec le Fonds des Bâtiments scolaires et avec les différents ministres de l’Education Nationale qui se sont succédé.
Je suis donc bien placé pour mesurer les obstacles à surmonter et le temps qu’il faut pour faire sortir de terre ou rénover une école.
L’exemple jettois de l’école du Poelbos est plus que parlant.
Sous l’ancienne Législature, un nouveau projet de rénovation avait été mis en chantier mais il était à ce point surdimensionné qu’on savait à l’avance qu’il ne pourrait pas être subsidié, et que, par ailleurs, il était clair que la commune ne pourrait pas le financer !
Ce projet, qui était fait beaucoup plus dans l’intérêt des cures de jour que dans celui de l’enseignement, aurait coûté entre 12 et 16 millions d’euros selon les options !!!
L’architecte a été payé… et le projet a été mis à la poubelle !!!
Encore un bel exemple du gaspillage jettois !
Redevenant échevin, j’ai donc tenté de faire redémarrer le projet sur des bases tout à fait raisonnables.
Or, nous étions, là, à la fin 2007.
J’apprends que le projet a, à nouveau, été bloqué !
La première tentative de rénovation que j’avais faite avec Jean-Louis Thys avait démarré en 1993. Nous sommes en 2011 !!!
Or, que se passe t’il ?
Il est évident, et tous les chiffres le prouvent, que les jeunes ménages disposant de revenus du travail, ayant des enfants en âge de scolarisation, votent avec leurs pieds !!! Ils quittent purement et simplement la Région.
Or, ce sont ces jeunes ménages de classe moyenne qui constituent l’essentiel de l’assiette fiscale de la Région. On a assisté d’ailleurs, au cours des dix dernières années, à un effondrement considérable de celle-ci.
Jette est malheureusement la deuxième commune sur 19 où cet effondrement a été le plus important.
Cet exode des classes moyennes jeunes est une évidence lorsqu’on parcourt les excellentes statistiques fournies par les services de la Région.
On peut d’ailleurs se poser la question de savoir pourquoi cette explosion démographique annoncée depuis longtemps, (voir les importants articles de François Robert dans le « Soir ») n’a pas conduit à la prise de mesures beaucoup plus urgentes en matière de constructions scolaires.
Je le répète, l’annonce qui est faite est formidablement positive.
Mais elle ne sera pas suffisante, car les procédures de subsidiations et d’Urbanisme sont à ce point lentes et contraignantes dans la Région qu’il faudra au minimum 5 à 6 ans pour voir sortir de terre les premières écoles.
Je plaide donc pour que, d’urgence, la Région et la Communauté mettent en place des procédures dérogatoires aux règles communes en matière de subsidiations et d’Urbanisme.
Si cela ne devait pas être fait, l’objectif serait raté.
J’ai connu un temps où on se battait entre enseignement libre et enseignement communal pour attirer des élèves, et où, en tant qu’échevin de l’Enseignement, je faisais de la publicité, en ce compris dans les communes qui nous sont périphériques.
Il y a urgence !
La situation s’est inversée. On rejette les enfants à scolariser, ce qui est évidemment effarant !
Si les procédures ne sont pas modifiées, les jeunes ménages avec enfants continueront à s’évader de Bruxelles pour rejoindre des régions où leurs enfants pourront être scolarisés dans de bonnes conditions, ce qui, malheureusement, chacun le sait, n’est plus le cas dans la région de Bruxelles.
merry_hermanus@yahoo.com