Il ne me semble pas inutile, au moment où le monde vient d’apprendre la révélation de l’exécution de Bin Laden, de rappeler que celui-ci est une « création » des USA au moment de la lutte des Afghans contre l’Union Soviétique.
La victoire des Talibans contre les Russes n’a pu être acquise que par l’envoi de missiles Sol Air dont se servirent les Afghans pour abattre les hélicoptères de combat des Russes.
Mais, comme souvent, la marionnette a échappé à son créateur !
Je garde cependant en mémoire un reportage filmé en Afghanistan où on voyait une jeune infirmière, en pantalon, cheveux au vent, affirmant sa foi dans l’avenir et dans l’égalité Hommes/Femmes.
Qu’est-elle devenue ?
Ce genre de personnage n’a que peu de poids face aux ambitions des Etats !!!
Au moment de la guerre de 14-18, on employait une formule qui, aujourd’hui, est passée de mode, on parlait des « buts de guerre ».
Or, quels étaient les buts de Bin Laden ?
Était-ce l’application, dans le monde, de la charia ?
Était-ce de remplacer l’espoir déçu du Communisme ?
Était-ce de donner un espoir aux peuples miséreux du Moyen-Orient en les engageant dans un combat religieux mortifère ?
Il y eut, dans le monde, un immense empire musulman qui domina, pendant pratiquement cinq siècles, non seulement le Moyen-Orient, mais aussi une bonne partie de l’Europe. C’est l’empire turc qui, ne l’oublions pas, assiégea encore Vienne en 1685, et ne s’effondra que pendant la Guerre 14-18 où le Mouvement « Jeunes Turcs » mit fin au Sultanat.
L’effondrement de cet empire qu’on a appelé, depuis le milieu du 19è siècle, « l’Homme malade de l’Europe », ouvrit une longue période de colonisations et de mépris du monde musulman en général qui avait alors cessé d’être redoutable.
Avant d’ouvrir le chemin de la colonisation où on ferait, comme on disait dans les années 30, « suer le burnous », après 1945, on vit l’émergence au Moyen-Orient d’une série de régimes qui se voulaient socialistes ou baasistes. Que ce soit en Egypte, avec les Colonels Neguib, et ensuite, Nasser, que ce soit en Syrie ou en Irak.
Les guerres d’Indépendance donnèrent la liberté politique au Maroc, à la Tunisie et, enfin, en juillet 1962, à l’Algérie.
Il n’est pas inutile de rappeler que l’image que l’Occident se fait du Musulman et, en particulier du Musulman du Moyen-Orient, est profondément marquée par les Croisades.
Pourtant, il est acquis que ce sont les Croisés qui furent les barbares faisant brutalement intrusion au sein d’une civilisation qui avait joué un rôle essentiel au niveau du transfert de la Science grecque vers le monde occidental.
Que l’on songe à Averroès ou Avicenne.
Le projet de Bin Laden ne s’inscrivait dans aucune des filières politiques ou philosophiques évoquées ci-dessus.
Il n’était ni baasiste ni le continuateur des grands penseurs de l’Islam.
Ses références politiques, philosophiques et même religieuses sont restées extrêmement floues.
Libérer la « Terre Sainte » d’Arabie saoudite des bases américaines était-il un enjeu suffisamment mobilisateur ?
Sa réussite est, d’une part, d’avoir donné un label terroriste à toute une série d’actions plus ignobles les unes que les autres, mais, d’autre part, et, surtout, d’avoir fait renforcer l’appareil sécuritaire et le flicage des peuples du monde occidental.
A ce propos, une anecdote me revient : Le 11 septembre 2001, l’un de mes amis était en réunion avec deux membres de la Police judiciaire. Ceux-ci se montraient tout à fait heureux des attentats de New-York en soulignant qu’ils permettraient de renforcer l’appareil policier.
Sur ce plan, ce fut sans conteste une grande réussite puisqu’aujourd’hui, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, la surveillance policière s’est largement intensifiée. Les libertés individuelles ont fortement régressé. Les écoutes téléphoniques sont monnaie courante et, dans une Démocratie aussi évoluée qu’en Belgique, on peut maintenant installer à votre domicile des appareils d’écoute dans le cadre de procédures où les droits de l’Homme sont devenus aussi légers qu’une plume au vent.
Ce qui a tué Bin Laden, c’est bien sûr une balle américaine, mais c’est, de façon beaucoup plus fondamentale, le réveil des peuples du Moyen-Orient.
J’avais été frappé, au moment du 11 septembre 2001, de voir certains sourires. Il y a eu des manifestations d’approbation.
N’est-on pas, aujourd’hui, impressionnés par le fait que la mort de Bin Laden ne provoque pas, dans le monde arabe, des manifestations de protestation ?
En fait, le réveil démocratique des peuples du Moyen-Orient a changé complètement la donne politique.
Ces révoltes se font non pas au nom de l’Islam, mais au nom d’une volonté de démocratie, au nom des aspirations de liberté et d’égalité, en un mot, au nom des Droits de l’Homme.
C’est ce réveil de l’aspiration à la Liberté et à la Démocratie qui a tué Bin Laden beaucoup plus sûrement que les commandos américains.
C’est cet espoir qu’il faut soutenir et aider en attendant d’avoir une révolution pour d’autres Démocraties à construire…
A quand la Révolution du peuple chinois ?
Mais de qui donc Emir Kir est-il le député ?
« Et quand il eut dépassé le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre. » Nosferatu
Pendant longtemps Emir Kir fut pour moi l’exemple d’une intégration réussie. Tant dans sa vie publique que dans sa vie privée, tout me conduisait à penser qu’il était un magnifique exemple à suivre, qu’il représentait l’avenir de notre région, qu’il avait réussi la difficile synthèse entre le respect, le souvenir, la mémoire de ses racines et la volonté de s’insérer dans la société belge où ses parents avaient décidé de vivre.
Très vite, il fut la cible de ceux, nombreux, folliculaires en mal de notoriété, concurrents envieux de sa popularité, de la rigueur avec laquelle il examinait les dossiers. Je le soutins avec vigueur, me faisant quelques ennemis de plus… mais passé un certain nombre on ne compte plus… et d’ailleurs n’y a-t-il pas ce magnifique proverbe italien qui souligne que c’est le nombre de vos adversaires qui fait la juste mesure de votre valeur… alors à quoi bon se priver. Je soutenais donc qu’il était odieux d’interroger constamment Kir sur le génocide arménien, le rendant quasiment responsable des horreurs commises par le gouvernement « Jeune turc » en 1915. Je déclarais que Kir était belge, qu’il devait être traité comme tel et non comme un ressortissant turc. Je l’aidais aussi dans sa réflexion, lorsque Onkelinx faisait la danse des sept voiles pour tenter de le faire déménager à Schaerbeek… et d’engranger les voix turques… promesse lui était faite d’être bourgmestre de Schaerbeek tant que Onkelinx serait vice-premier ministre. Prudent, il ne tomba pas dans le piège et essaya d’être le premier à Saint-Josse plutôt que d’occuper le glissant strapontin qu’on lui dépliait dans la commune d’à côté. J’en étais ravi. On le sait, j’ai de l’admiration pour Guy Cudell qui fut un vrai original de la politique, un innovateur, un découvreur ayant une vision de l’avenir de cette petite, très petite commune, la plus pauvre de Belgique. Je fus heureux de voir Kir lui succéder, et ainsi être le premier bourgmestre issu de l’immigration diriger l’une des 19 communes, il pourrait ainsi être emblématique d’une intégration pleinement réussie… un exemple à suivre.
Peu après les dernières élections communales, il m’invita à déjeuner en compagnie d’un ami commun. Je perçus une étonnante métamorphose, d’abord dans le ton, plus que ferme, les phrases péremptoires s’enchaînaient tels des coups de sabre… pas de réplique possible… mais bon, l’autorité est tellement rare dans le monde politique qui préfère la médiocrité hypocrite à l’affirmation des convictions… cela changeait.
Survint alors l’inacceptable, nous évoquions les prochaines élections législatives, il déclara « toutes les élections doivent être communautaires, Fadila Laanan et Rachid Madrane n’ont rien compris, sans campagne communautaire pas de victoire possible. » J’étais stupéfait, éberlué, quel changement, quelle transformation, plus question d’intégration, plus question même d’en parler ! Je n’avais plus le même homme devant moi, celui qui était devenu bourgmestre de Saint-Josse était exclusivement le représentant de la communauté turque. Aucune tête ne doit plus dépasser, tout le monde dans le rang, le capital électoral, ce sont les immigrés turcs… et plus rien d’autre ne doit compter. Je me retirai sur la pointe des pieds, observai de loin, constatant quand même que parmi ses échevins une individualité remarquable se détachait. Mais des bruits sinistres me revenaient sur d’autres personnes de l’entourage de Kir, dont un échevin ne saurait ni écrire, ni lire le français ! Il paraîtrait qu’il apprend avec application.
Vint alors le pénible débat sur la reconnaissance officielle par la Belgique du génocide arménien. Il ne s’agissait plus d’une position personnelle mais de la reconnaissance légale, officielle du premier génocide de cet horrible XXème siècle. Qui peut, aujourd’hui, mettre en doute l’immensité du crime commis par le gouvernement « jeune turc » à l’égard de la communauté arménienne ?
Seules les instances officielles turques s’y refusent avec une obstination dont le grotesque s’ajoute à un négationnisme immonde.
On sait ce qui se passa au CDH où le président Lutgen n’hésita pas un instant à exclure la parlementaire voilée qui refusait de reconnaître cet acte de mémoire et de respect. Kir tourna autour du pot, diffusa des communiqués de presse caraméliques, circonvolutions reptiliennes ne parvenant pas à cacher sa position négationniste. Le courage dont avait fait preuve le CDH obligea le PS à mettre Kir au pied du mur. Finalement, à un cheveu de l’inévitable, après de longs débats où Di Rupo mit tout son poids dans la balance, il vota tout en publiant un communiqué dont la casuistique rend jaloux les experts les plus pointus du Vatican. Pour moi, la messe était dite depuis le triste déjeuner où Kir fit devant moi son « coming out » communautaire.
Et depuis quelques jours, la cerise sur le gâteau ! Il compare les Kurdes à Daech, aux pires islamistes, faisant semblant d’oublier que les Kurdes se battent depuis une éternité pour obtenir une reconnaissance nationale. Ils furent les oubliés du traité de Sèvres qui en 1920 redessina les frontières du Moyen-Orient sans tenir le moindre compte de la réalité des peuples. Sans doute a-t-il approuvé que pendant près de quatre ans l’armée turque a bombardé les Kurdes qui combattaient Daech, à l’époque, ils étaient à peu près les seuls !
Comment ne pas se rappeler la façon dont furent organisés en Belgique les meetings électoraux pendant la campagne électorale de Turquie. Plus de 10.000 personnes lors de la venue d’Erdogan. Mais aujourd’hui de quoi parle-t-on ? Il ne s’agit pas d’un homme d’Etat lambda mais de quelqu’un qui installe une dictature aux portes de l’Europe . Milliers d’arrestations, journalistes, écrivains, magistrats, militaires, enseignants aucune catégorie n’échappe à la prison. La laïcité qui avait construit la Turquie moderne n’est plus qu’une ombre sans contenu, ne reste que la multitude des portraits de Mustapha Kemal, mais il ne reste rien d’autre alors que la Turquie pouvait être fière des pas de géants accomplis dans la modernité… n’oublions pas que les femmes turques ont voté avant les femmes belges !
Avec tristesse, je ne peux que constater l’alignement de Kir sur les positions les plus aberrantes d’Erdogan… plus question d’intégration… changement de rôle… le gentil garçon à la mise toujours soignée a endossé l’uniforme du porte voix d’un potentat liberticide qui estime qu’à Bruxelles non plus les Kurdes n’ont pas le droit d’exister ! Il y a de quoi avoir peur si l’ambiance à Saint-Josse est de même nature !
Que fera le PS ? Rien ! Kir contrôle entre 14.000 et 17.000 voix, là est la terrible réalité du communautarisme triomphant. Le PS à Bruxelles est donc coincé entre une majorité d’électeurs d’origine maghrébine dont beaucoup souffrent de l’insidieuse pénétration des sectes fanatiques auxquels des élus islamo-gauchistes aussi stupides que crédules font les yeux doux et un élu, bourgmestre de Saint-Josse, qui contrôle pour le compte d’un gouvernement étranger une bonne partie de la communauté turque de Bruxelles. On en est là ! Il n’y a aucun doute que cela pose la question de la double nationalité. Entre l’attachement à ses origines, à sa culture et l’inféodation au gouvernement d’un pays étranger, il existe une marge considérable. Mais chut… chut… voilà des sujets qu’il n’est pas permis d’aborder… interdit d’en parler d’y faire allusion. Qu’un élu du SP, vice Président du parlement bruxellois fasse récemment une hallucinante déclaration de soumission dans des termes moyenâgeux au roi du Maroc est emblématique.
Ceux qui peuvent encore se payer l’immense luxe de « penser »… « les derniers sioux qui refusent de marcher en file Indienne »… ceux qui ont cette incroyable audace, ont sans conteste le droit de se poser la question de savoir « de qui Kir et quelques autres sont-ils les élus ? » Quant à Kir, pour moi pas de doute… « il a dépassé le pont… et les fantômes viennent à sa rencontre. »
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